Transcription écrite du podcast :
Salut tout le monde, pour ce quinzième podcast !
Alors, pour celui-ci, on va parler à nouveau de rédaction de mémoire. J'en parlais déjà dans le podcast numéro six.
Et là il va s'agir de donner des conseils un peu moins généraux et plus des conseils sur des micros détails, des petites maladresses qui peuvent être faite ici ou là. On va voir tout ça ensemble. Ça va peut-être être un peu moins structuré par rapport au précédent podcast, mais vous pourrez peut-être reconnaître certaines erreurs, certaines maladresses et les corriger d'autant plus facilement.
Alors pour commencer, je me suis rendu compte qu’il y en a plusieurs parmi vous qui ne sont pas forcément à l’aise avec la notion d'abstract. Donc le résumé, vous pouvez vraiment le voir comme la lecture littéraire de votre table de matières, sans citer d’exemples. C’est vraiment ce qui va permettre de faire ressortir le sens de votre réflexion et le sens en condensé. Donc, ayez vraiment le réflexe de ne pas mettre d’exemple dans votre abstract, ça va juste délayer l’ensemble et puis vos lecteurs et lectrices, s’ils ou elles sont intéressés par ce résumé, liront le développement des différentes parties de votre travail. Et les exemples, ils et elles auront tout l’occasion de les voir...
Donc, prendre l’abstract, comme une espèce de description littéraire de votre table des matières en insistant pas mal sur les résultats aussi. L’abstract, il n’y a pas de problème à ce que ça « spoile » les résultats de votre recherche ou de votre étude. Au contraire, ça peut faire gagner du temps à tout le monde.
Et si les gens se demandent : « Comment as-tu obtenu ce résultat là ? ». Ils et elles verront votre démarche et ce sera d’autant plus clair pour eux et elles de voir les différentes étapes de réflexions. Ils et elles trouveront peut être des failles dans vos étapes de réflexion et ça peut leur permettre de trouver des façons de les combler dans leur travail à eux.
Alors, un autre problème que j’ai trouvé dans certains mémoires de rédaction, c’est qu’il y en a certains et certaines, parmi vous qui font comme des études de cas ou des analyses de cas d’une poignée de personnes et qui veulent en tirer des tendances statistiques lourdes. Alors ça, c’est un gros problème méthodologique. Rien que cela, en soi, ça invalide la qualité de votre travail.
Par contre il y a une façon de le faire passer. Avoir une approche analytique qualitative sur le parcours, le ressenti, l’analyse de quelques personnes, c’est tout à fait admissible, à condition que vous vendiez votre travail comme une approche qualitative. Ça veut dire que vous allez creuser un peu plus dans le détail de certains profils, certaines personnalités de personnes, des experts et expertes, des gens qui cadrent bien avec votre recherche et vous allez essayer de comprendre un peu leur façon de penser.
Mais surtout, ne mélangez pas une démarche qualitative et une démarche quantitative. Une démarche quantitative typiquement, il y a des statistiques qui se portent là-dessus et ces statistiques sont représentatives de la population générale. On part d’un échantillon de départ se compose d’habitude d'un minimum de 100 personnes. Moins de 100 personnes, c’est très délicat. Mais il y a d’autres démarches statistiques, un peu plus fragiles, qui permettent d’avoir des échantillons plus petits, juste de 30 personnes.
Alors moi, les statistiques c’est un peu loin... Quand j’étais en étude de psychologie, il y avait deux profs : un qui sur-notait et un qui sous-notait. Je me retrouvais assez vite balloté entre les deux, avec un examen à 18/21 et un autre à 2/20 ! Ça n’avait absolument aucun sens. Donc, les statistiques, globalement, je n’en sors pas mathématicien, de ces examens en psychologie... Par contre, je pense avoir bien compris la démarche, à défaut des méthodes. C’est quelque chose que j’utilise assez peu.
Par la suite, dans ma pratique du métier d’UX design, ça peut être utile car l’UX design a quelques ramifications, quelques ponts avec les métiers de data analystes. Pour être data analyste, il faut être en mesure de pouvoir tirer des statistiques sur des résultats, des informations provenant de larges échantillons de personnes et savoir à quel point ces échantillons de personnes et les informations trouvées peuvent être généralisées à une plus large population...
Donc pour résumer un peu cette recommandation, les deux approches sont tout à fait valable. Une approche quantitative basée sur plusieurs personnes ( avec un minimum 30 à 100 ) ça passe. Mais, il faut avoir une méthode un peu particulière et une approche qualitative. Donc en se basant plus, sur certains ressentis plus détaillés d’individus. Dans l'approche qualitative, en général, vous citez des interviews. Dans l'approche quantitative, vous avez vraiment un protocole d’étude avec l’hypothèse générale, des variables, un protocole bien expliqué, des résultats bruts, l’application de statistique pour tirer des interprétations de ce que peuvent signifier ces résultats. Puis on peut conclure. C'est à dire : est-ce qu’on peut envisager que nos informations sont significatives à un certain seuil d’erreur pour plus de monde.
Une approche quantitative c’est plus délicat, mais souvent, c’est essentiel pour toute démarche pharmaceutique, médicale mais quand vous avez besoin de prendre des décisions avec un peu plus d’assurance et que derrière faut pas se tromper parce que ça peut impliquer des vies humaines ou des choses assez graves, dans ce cas là, oui il n'y a pas le choix. Il faut passer sur une approche quantitative et même là vous pouvez vous tromper donc, il faut en faire plusieurs, dans ce genre d’étude. C’est très long.
Une approche qualitative, vous allez vraiment avoir plus d'indices, une certaine sensibilité, une certaine compréhension de tendance qui peuvent émerger et vous allez rester un peu dans le flou mais permettre quand même de comprendre, un peu plus, différentes choses qui peuvent nourrir votre réflexion et nourrir la réflexion d’autres experts et expertes.
Donc, l’erreur à ne pas faire c’est vraiment d’appliquer une méthodologie le plus souvent qualitative et en dire : « Voilà, ça me permet de tirer des tendances de fonctionnement de notre société, des généralités ». Non, il n’y a rien qui vous permet de tirer des généralités, sur une approche qualitative. Donc, soyez super prudent et prudente, avec ça, dans vos mémoires.
Une troisième recommandation que je vous fais c’est d’être très vigilant et vigilante, sur la consultation des informations pouvant provenir de tiers et la façon dont vous allez les interpréter.
En fait, j’ai remarqué à plusieurs reprises que vous pouvez tomber sur des études qui vont dire : « On peut constater un effet particulier par rapport, à quelque chose et puis, un peu plus tard cet effet s’estompe. ». Est-ce que vous allez pouvoir dire assez facilement : « Un peu plus tard il n’y a plus d’effet ? ». Alors, je vais vous donner un exemple un petit peu plus précis.
J’avais vu, cette situation là, dans un mémoire qui traitait de la violence dans les jeux vidéo et l’étude qui était cité permettait de dire : « Voilà le comportement violent, on le constate peu de temps après la partie du fait d’une montée d’adrénaline chez le joueur et puis après cette montée d’adrénaline a disparu et le comportement violent disparait avec... Donc, il n’y a plus d’observation de comportement violent. ».
Et la conclusion de l’étudiant c’était de dire : « Voilà, il n’y a de comportement violent qu’à la sortie d’une expérience de jeu et sur une très courte période et après ça, il n’y a plus de comportement violent. ». Mais, il y a une nuance qui est passé à la trappe.
En fait, il y a un principe super important que vous pouvez garder en tête. L’absence d’évidence n’est pas une évidence d’absence.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Des protocoles d’études vont dans le meilleur des cas montrer que il y a quelque chose. Dit comme ça, c’est très général. Mais, lorsque les protocoles d’études, quelque soit la sorte, échouent à montrer quelque chose, ça ne veut pas dire qu’il se passe rien, ça veut juste dire que le protocole d’étude n’est pas adapté à ce qu’ils essaye de mettre en valeur. C’est comme si durant la journée, vous levez les yeux au ciel, vous voyez du bleu et ne voyez pas d’étoiles. Votre conclusion, ce n’est pas de dire : « Il n’y a pas d’étoiles. ». Les étoiles sont là, derrière. Simplement, les conditions d’observation, ne permettent pas de mettre en évidence la présence d’étoiles à ce moment-là de la journée, pour des yeux humains. C’est quand même une grosse grosse différence.
Donc, gardez ce principe en tête : « Absence of evidence is not an evidence of absence. ». C’est quelque chose de central. Et donc, à chaque fois que vous tomberez sur un article qui dira, on observe plus rien après quelque chose, après une période de temps, surtout n’en faites pas la conclusion qu’il n’y a plus rien à observer, qu’il n’y a rien qui se passe.
Donc, pour revenir sur le principe de violence dans les jeux vidéo, par rapport à ce mémoire là, la recherche c’était de dire : « Voilà, on pouvait observer un comportement violent immédiatement après une partie de jeu. On peut observer que cette partie de jeu est susceptible de faire monter un niveau d’adrénaline. Donc, le joueur ou la joueuse tout excité, commence à faire un peu n’importe quoi, par rapport au comportement normal. Puis après cette descente d’adrénaline, le comportement est beaucoup moins évident à percevoir, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus de violence. »
Là-dessus, gardez en tête, une autre distinction super importante, pour ce genre de choses; c’est la distinction entre la notion de comportement et la distinction d’attitude. Ça j’en avais déjà parlé sur un des podcasts sur la psychologie. Je crois que j’en parlais à propos du Behaviorisme.
Donc, le comportement, c’est ce que vous pouvez observer et l’attitude, c’est ce qui est masqué ou caché. Donc, c’est quelque chose de très différent. Parce que vous pouvez avoir une attitude hostile ou très favorable vis-à-vis de quelque chose ou de quelqu’un. Et puis, évidemment ne pas le montrer, par votre comportement, parce que si c’est trop visible. Vous allez être emprisonné par la justice ou n’importe quoi. Il n’y a pas d’illégalité à avoir une attitude déplaisante vis-à-vis de quelqu’un tant que vous garder ça secret. Évidemment, on ne peut pas vous forcer, à tous les coups, à adorer tout le monde.
Par contre, au niveau des comportements, ça change tout. Et ça c'est super important ! Dans les jeux video, pour revenir sur cet exemple là : qu’est-ce qui pourraient être des exemples de comportements violents, une fois que la partie est passée ? Il y a beaucoup de jeux vidéo, en fait qui peuvent avoir un discours très guerrier. Certains peuvent être très orientés... Par exemple, vous êtes le joyeux soldats des États-Unis qui part en guerre au Moyen-Orient et puis vous allez affronter plein de soldats du Moyen-Orient et ça va être désigné comme des ennemis. Et si vous avez peut-être aimé ce jeu là et vous y jouez encore, encore et encore.
Cependant, il n’y a pas forcément de preuve d'une d'assimilation de l'expérience du jeu vidéo vers la vie réelle. Peut-être qu’il y a des protocoles, je ne sais pas, probablement... Mais, je n'en ai jamais entendu parler. Mais, on peut se poser la question quand même, si une pratique du jeu video ne va pas biaiser d’une certaine façon l’attitude ou le regard que l’on va avoir sur les personnes d'origine arabe. Ça, c’est quelque chose qui peut être intéressant.
Alors, pour répondre et aller un peu plus loin dans cette discussion. Il y a un philosophe que j’aime bien, Bernard Stiegler qui considère que de façon générale on est tous et toutes en train de lutter contre une forme d'entropie. Et si on ne fait pas un effort actif pour se tenir cultivé, notre cerveau et nos connaissances vont se ratatiner vers, de plus en plus, du rien. En fait, le principe d'entropie va chercher à dégénérer tout dans notre univers, y comprit nous-mêmes. Et nous, nous sommes comme des machines, à générer de la néguentropie. Donc, essayer de générer de la culture de l'information, mais ça a un coup en fait. Ça ne va pas se faire forcément naturellement. Ça veut dire qu'il faut faire l'effort de s'instruire et cette instruction là prend du temps. Si vous passez toutes vos soirées et tout votre temps libre où vous tuez des populations arabes dans des jeux video, ce temps vous le prenez au détriment ou vous le voler à d'autres sources d'information où vous pourriez considérer toutes sortes de problèmes, des pans de cultures fascinantes, des communautés, des actions, des difficultés d’intégration dans certains pays, des arts de vivre, des cultures culinaires, la richesse de l'histoire...
Il y a énormément de choses qui font tourner la tête et qui ne sont absolument pas abordé par ces jeux à la con. Donc, en considérant ce genre de choses, on peut assez rapidement quand même se poser la question; est-ce qu'il n’y a pas des effets de violence du jeu vidéo à plus long terme ? Je mets des gros points d'interrogation, c'est juste une question que j'ouvre avec derrière, quel sera le protocole pour étudier ça ? Je fais pas du tout actuellement de recherche universitaire pour mettre en valeur ce genre de choses. Il en existe très très certainement, mais là c'est juste pour vous expliquer un peu cette différence. Si les articles que vous observez, ne remontent pas d’observable, cela ne veut pas dire qu’il y a rien.
Et en réfléchissant un petit peu, en consultant d'autres sources et en se posant d'autres questions, à priori, il y a plein d'autres choses qui peuvent être présentent.
Dans le cas de la violence dans les jeux vidéo, des effets à plus long terme, il y a probablement des choses un peu plus inquiétantes à lever. Le média est loin d’être propre dans son exploitation par ces différents acteurs. Il y aurait plein d'autres points d'amélioration d'écriture de mémoire.
Donc là, si je récapitule, il y a en premier, le principe de l'abstract, en deuxième, le principe de ne pas mélanger la méthodologie qualitative et quantitative et le troisième, c'est être très très vigilant et vigilante sur le principe : « Absence of evidence is not an evidence of absence. ».
Donc, dans un prochain podcast, je vais revoir encore d'autres principes d'écriture, de méthodologie d'écriture pour vos mémoires, en espérant que ça puisse vous être utile. Donc n’hésitez pas aussi si vous pensez que ce contenu peux être utile à d'autres personnes à le rendre plus visible. Moi, je n'ai pas d'ambition monétaire avec ces podcasts. C'est juste pour rendre service à des personnes qui pourrait avoir quelques difficultés pour rédiger leur mémoire. Donc, si vous voulez le partager à d'autres personnes, essayer de le valoriser en mettant des petits coups de pouce appropriés sur les différentes plateformes que ce soit SoundCloud, Itunes ou d’autres encore...
Je vous remercie et je vous dis, à très bientôt, pour un prochain podcast. Bye!
Le cours Pharmakon : de 2010 à 2014, Bernard Stiegler a proposé un cours de philosophie ouvert à tous à Epineuil-le-Fleuriel à la maison école du Grand-Meaulnes.
Merci d'avoir écouté ce podcast, je vous invite à vous abonner pour ne pas rater les prochains épisodes. Si vous voulez en savoir plus sur moi, je vous invite à consulter mon profil LinkedIn.
Si vous êtes dans un travail de rédaction de mémoire pour vos études et que vous rencontrez des difficultés, par exemple, à organiser votre travail de recherche, à structurer vos idées ou encore à obtenir des consignes et des retours clairs de la part de votre encadrant ou encadrante, je peux vous aider.
Visitez notre site internet Ludocielspourtous.org à la section Nos services. Au plaisir!
Édition et correction de la transcription : Stéphanie Akré
« Jingle du podcast » : Nous souhaitons remercier chaleureusement Gordon W. Hempton The Sound Tracker® qui nous a fait don de la totalité de sa merveilleuse bibliothèque de sons récoltés dans la nature.
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